Voilà une question « piège » pour débuter la semaine et je profite des vacances de nos fidèles lecteurs pour me risquer à l’exercice. Cette réflexion personnelle n’a aucune prétention sinon qu’une réflexion sur différentes hypothèses qui pourraient influencer le cours euro/francs.
Pourquoi le franc suisse pourrait baisser par rapport à l’euro ?
En septembre 2011, la BNS a volé au secours de l’économie suisse en instaurant le cours plancher au cours euro/franc suisse. La valeur de l’euro est largement dépréciée sur les marchés en raison de l’endettement abyssal des états membres mais surtout face à l’incapacité des dirigeants européens à trouver une issue. La sortie de crise de la zone euro passe par un assainissement des dettes publiques (ce que les pays ont mis en place sous la pression de l’Allemagne), un plan de relance de la croissance (Merci au peuple français qui a fait élire Francois le normal) et plus de construction européenne. Si le volet de l’austérité s’est imposé partout en Europe, le dernier sommet européen aura marqué le lancement du plan de relance mais surtout une progression significative pour l’avenir de l’Europe. Les effets ont été de courtes durées sur les marchés car il faudra du temps pour mettre en place les différents mécanismes, mais, lors du dernier sommet des chefs d’Etat, l’Europe a avancé vers plus d’intégration, plus de solidarité. Il faudra du temps, pas mal de temps même pour affronter les nombreux obstacles qui s’annoncent et pour que l’Euro retrouve de la crédibilité sur les marchés. Dans cet environnement, il faut compter durablement sur un franc suisse fort par rapport à la monnaie unique.
De l’autre coté de la frontière, la BNS joue les pompiers de service et achètent des milliards d’euro pour tenir le cours plancher à 1,20. Voir remonter le cours plancher à 1,30 ou 1,40 comme le réclame certains industriels, est très improbable car cela coûterait très, très cher. En revanche, des propositions ont fait jours depuis plusieurs semaines pour l’introduction d’une taxe sur l’achat de francs suisses pour les investisseurs étrangers ou la mise en place de taux d’intérêts négatifs. Ces dispositions sont crédibles et elles pourraient voir le jour rapidement si la pression sur le cours devait se faire encore plus forte. Ces mesures dissuasives auraient pour effet de repousser les investisseurs vers d’autres supports et nous pourrions voir baisser le cours du franc suisse par rapport aux autres monnaies dont l’euro. A ce stade, cette hypothèse me semble la plus crédible et pourrait être mise en place avant la fin de l’année.
Le franc suisse peut-il encore monter face à l’euro ?
Oui c’est encore possible. Si les marchés mettent le cours sous pression et que la BNS ne peut plus intervenir, alors le cours pourrait rapidement plonger vers la parité. Cela serait une catastrophe pour l’économie suisse et pour toute la zone frontalière. Ce scénario, s’il est possible, reste très improbable et serait le plus sombre pour notre région. Mais avant que la BNS ne cède, il existe des « pare-feu » que nous avons vus dans le paragraphe précédent et qui devraient logiquement nous éviter ce scénario.
Comme vous l’aurez compris, des nombreuses incertitudes demeurent, du côté Suisse comme du côté Européen, rendant difficile tout pronostic sur l’évolution du cours euro/chf. A défaut de prévisions solides, chacun profitera des avantages de la situation, achetant sa maison en France voisine, en constituant des réserves grâce à l’augmentation de son pouvoir d’achat, en se payant de belles vacances…. pourvu que ça dure !
Allez tout de bon, comme on dit chez nous.
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